Les vagues de meurtres aveugles en masse « au nom de Dieu » que connait la planète sont, en plus d’être terribles pour tout le monde, peuvent paraître, à première vue, extrêmement déroutantes pour les personnes profondément croyantes.
Pour essayer de comprendre les hommes responsables de ces vagues de meurtres, il est indispensable, malgré la difficulté, d’imaginer la manière dont ils réfléchissent, la façon dont ils voient le monde.
La réflexion que nous devons mener en tant que croyant est d’essayer de comprendre la compatibilité entre notre relation à Dieu et celle que peuvent avoir ces hommes – si on peut encore les appeler ainsi.
Pour cela, rien ne vaut un retour aux sources et à la Torah/Bible pour analyser comment vivaient et pensaient les piliers fondateurs du monothéisme.
Aux sources d’Abraham
Parlons donc d’Abraham qui selon la tradition est le père de toutes les religions monothéistes.
Peu d’actes d’Abraham sont décrits dans la Torah mais évoquons les principaux.
# Alors qu’Abraham a 99 ans et souffre à cause de la circoncision qu’il vient d’accomplir, Dieu lui rend « visite ». Evidemment, on ne parle pas d’une visite physique, mais plutôt d’une sensation intense de présence du divin.
Pendant cette visite, Abraham voit 3 bédouins inconnus passer dans le désert. Il court les accueillir et les invite chez lui. Abraham délaisse alors sa relation privilégiée avec Dieu à ce moment là, il oublie sa souffrance, invite de simples passants à sa table et leur prépare lui-même un festin.
Bonté infinie et impressionnante.
Cette Bonté (Hessed) est le qualificatif qui définit Abraham.
# Il s’avère en fait que ces 3 bédouins sont des anges ayant emprunté forme humaine avec chacun une mission.
Le premier, Raphael – de la racine Refoua, guérir – est là pour guérir Abraham et sauver son neveu Lot de la destruction de Sodome et Gomorrhe.
Le second, Michael est venu annoncer à Sarah, la femme d’Abraham, qu’ils auront enfin un enfant un an plus tard. C’est Isaac qui naîtra à ce moment là.
Le troisième, Gabriel, est en route pour détruire Sodome et Gomorrhe.
Ce qu’il annonce à Abraham.
Sodome et Gomorrhe étaient deux villes dont les habitants étaient immoraux, cruels et pervers.
Tout le contraire de ce qu’Abraham représente.
Abraham s’avança et dit: “Anéantirais-tu, d’un même coup, l’innocent avec le coupable?
Lors d’un échange assez incroyable entre Abraham et Dieu, décrit bizarrement et assez longuement, Abraham, au lieu de crier à la destruction, au Djihad par l’épée, et d’approuver la décision de Dieu de détruire ces villes, négocie en essayant de trouver un moyen de les sauver.
Pour simplifier, Abraham utilise l’argument qu’il y aura sans doute des innocents/Justes parmi les victimes et qu’il n’est pas possible de détruire une ville entière si elle est habitée par quelques hommes justes qui ne méritent pas cette destruction.
“De grâce, que mon Souverain ne s’irrite pas, je ne parlerai plus que cette fois. Peut-être s’en trouvera-t-il dix?”
II répondit: “Je renoncerai à détruire, en faveur de ces dix.”
Vous trouverez le texte de ce passage ici
Abraham lui même avait d’ailleurs sauvé physiquement ces villes, où son neveu Lot vivait, et qui représentaient pourtant tout le contraire de ce qu’il était, lors de guerres ayant eu lieu quelques années plus tôt.
A lire ici
Abraham, tout comme son fils Isaac et son petit fils Jacob, n’ont jamais fait le moindre reproche à qui que ce soit au cours de leur vie, ils ne se sont jamais battus « au nom de Dieu ».
Non, ces hommes ont simplement décidé d’être exemplaires. Des exemples de bonté, de justice et de vérité. Des Hommes que l’on peut admirer pour leurs qualités d’Humain.
Dieu disait plus tôt à Abraham :
Je te ferai devenir une grande nation; je te bénirai, je rendrai ton nom glorieux, et tu seras une source de bénédiction. (Genèse 12,2)
Rabbi Shimshon Raphael Hirsch décrit bien ce que signifie devenir “une source de bénediction”.
Je veux faire de toi un peuple que les autres peuples n’auront qu’à regarder pour devenir conscients de leur devoir, et cette tâche que toi, contrairement à tous les les autres peuples, tu es appelé à réaliser, s’appelle « devenir source de bénédiction ».
Dieu n’a pas besoin de guerriers, de Djihadistes pour régner sur ce monde, ni de donneurs de leçons.
Dieu veut voir des modèles de Bonté et de Générosité, de gens qui font le Bien en permanence dans leur entourage, celui de leur amis, de leurs collègues, de leurs familles, sans aucune exception.
Ce sont ceux-là, qui en devenant des modèles, rendront leur entourage meilleur et rempli de bénédictions.
Les Djihadistes représentent tout ce que le monde déteste et détestera toujours. Sources de malheur, d’injustice et d’égoïsme, monstres extrêmement prétentieux, ils sont à jamais les ennemis de Dieu. Ils pourront toujours attendre qu’on les accueille à bras ouvert au paradis après chacun de leurs crimes, mais c’est l’Enfer qui les accueillera pour l’Eternité…
Le seul combat que nous devons mener est contre nous-même.
Le seul combat que nous devons mener est de se parfaire soi-même pour devenir un modèle auquel notre famille, notre entourage, le monde voudra ressembler, sans juger ni reprocher aux autres leur façon de vivre.
Dieu n’attend rien de plus de notre part. Dieu n’a pas besoin de nous. Dieu demande une lutte intérieure. Il demande d’améliorer en permanence la seule personne que nous pouvons changer : soi-même.
Gardons espoir, dépassons notre peur de ces monstres et gardons en tête que nous avons tout le pouvoir entre nos mains pour changer le cours de l’Histoire et embellir ce monde….
Merci à mon amie Myriam Rosenrib pour ses conseils et corrections
Hazak !
En effet, on oublie trop souvent que son ennemi n’est pas à l’extérieur; il s’agit de soi-même. C’est dommage que le terme de djihad ne soit pas plus souvent conjugué au pluriel notamment pour bien marquer les notions de petit et de grand Djihad. « La lutte contre soi-même ».