Emmanuel Parody (Les Echos – Ex ZDNet) écrit un long et passionnant article sur son blog à propos d’un nouveau modèle de rémunération de certains journalistes.
En effet, Mary Jo Foley serait rémunérée à la performance (en fonction du nombre de lecteurs de ses articles) par ZDNet.
Tout le monde n’apprécie pas…
Mon point de vue est que tout ceci ne pose aucun problème du moment que l’on reste dans le journalisme “Business”. S’il est plus vendeur de parler d’Ipod ou Google, tant mieux pour eux…et tant pis pour les autres. Un média doit vivre…et cette méthode est excellente. (je me serais bien amusée à l’époque où je bossais pour ZDNet.fr (96/97) si j’étais payé de cette manière 🙂 ).
Toutefois, les abus peuvent être graves pour des articles dans d’autres secteurs dédiés à des sujets moins vendeurs mais bien plus graves. Les campagnes destinées à faire connaître les problème au Darfour reste vraiment très très peu propagées malgré la gravité de la situation (des dizaines de milliers de morts par an sans que personne ne bouge).
Un rédacteur qui écrira à ce sujet aura sans doute peu de lecteurs comme d’habitude…mais son mérite sera bien plus grand…
Mais bon, je ne pense pas que Le Monde ait l’intention de changer sa méthode de rémunération 🙂
Article d’Emmanuel à lire…
c’est parfait pour la dérive actuelle du journalisme vers le sensationnalisme.
C’est exactement ce que reproche Steve Rudel…
Déjà que les lecteurs ont des oeillères, si maintenant les journalistes s’y mettent en ne traitant plus que les sujets les plus mainstream, pauvre de nous…
Comme le dit Olivier, parfait pour un apauvrissement progressif de la presse. La presse écrite en France est déjà en suffisament mauvais état pour qu’on se passe de ce genre de délire… Ou alors, il faut clairement annoncer que le métier de journaliste n’existe plus et que les sites et jounaux sont tenus par des experts en marketing dont le seul souci est le revenu généré par les médias…
Bien entendu qu’un média doit faire de l’audience pour vivre, mais le travail du journaliste n’est pas de rameuter du monde, mais d’informer. Que ce soit dans le presse business ou dans la presse généraliste.
c’est d’autant plus triste que réaliser un dossier de fond ou dénicher une techno dont personne ne parle demande en général plus de travail que d’aller dans le sens du vent (Google par ci, MS par là, et oh l’iphone….)
Les journalistes choisissent déjà les sujets les plus “vendeurs”. Ils leur sont proposés par leur chef de rubrique qui répond à la demande du redacteur en chef qui ne pense qu’au nombre de numéros qu’il va vendre (sous la pression de l’actionnaire). C’est la “mentalité audimat” que dénonçait Bourdieu. Par ailleurs un journaliste écrit pour être lu. Question d’égo. Sinon il ferait un autre métier. Il choisit donc tout seul les sujets qui réuniront le plus de lecteurs / auditeurs / téléspectateur … même si la rémunération n’est pas en jeu. Les êtres humains veulent d’abord être aimés 😉 La concurrence est rude !
C’est débile mais tant que Google fait la lois ça va pas aller en s’améliorant, il suffirait de mettre “femmes poilue”, “ségolène royale nue”, “asiat à gros seins” intelligemment placé dans son article. … On est bien arrivé sur mon blog en charchant “Mii de Sarkozy” dans Google.
La long tail s’appliquera au journalisme. Ou est véritablement le problème ?
@Jean-Yves : Mon problème ne vient du fait que The Long Tail s’applique aux journalisme, mais aux journalistes. N’inversons pas les rôles :
– Un journal est bien entendu là pour réaliser des bénéfices, ou du moins pour atteindre un équilibre financier. C’est le but de toute entreprise. Et c’est le rôle des équipes commerciales d’un journal de trouver les revenus capables d’aider à cette équation. Et des équipes de production et de distribution de diminuer les coûts dans ce sens.
– Un journaliste, en reveanche, est là pour informer. Si son rôle est bien entendu de contribuer à la qualité et à la santé du journal à l’aide d’articles de qualité, de sujet intéressant et d’un sens du public et de la cible, son rôle premier n’est pas d’assurer une audience comme on l’entends d’un présentateur de jeu télévisé. C’est avant tout d’informer !
C’est en ce point que cette mesure me choque. Parce que le salaire du jounraliste n’est alors plus calculé en fonction de son travail, de son rôle.
Qui dit que les sujets dits “vendeurs” seront finalement mieux rémunérés que les sujets dits “non vendeurs” ?
– Beaucoup de personnes parlent d’un même sujet… donc l’audience est partagée entre beaucoup d’auteurs, alors que sur des sujets pointus il y a moins d’auteurs, mais une audience captée à 100%.
– Sur le web, tout le monde se tire la bourre pour essayer de capter de l’audience à tout prix. Mais il y a aussi des gens qui ne font pas ça et qui arrivent à être très lus tout en étant très pointu (après tout est une question de revenus publicitaires sur le sujet pointu là est le principal soucis pour le diffuseur).
Moi je vois ça dans la presse locale, des journalistes qui servent la soupe aux politiques et qui ne cherchent pas à faire un brin d’enquête ou à avoir un seul avis. Une rémunération à l’intérêt de l’article pourrait avoir un usage bénéfique sur la recherche d’info neuve et le ton (dont donner un avis).
Malheureusement, cette nouvelle ne m’étonne qu’à moitié…
Le journalisme en soi induit le choix du journalisme lui-même, ce qui par définition provoque le prisme des média et ne reflète pas toutes les actualités qu’il faudrait traiter…
Mais le fait que les employeurs des journalistes demandent directement à ces derniers de produire des articles destinés uniquement à attirer les lecteurs est inacceptable ! Où alors on ne parle plus de journalisme mais de commerce d’actualité..
Si en plus du politiquement correct, des lobby d’entreprises, et intérêts personnels ou copinage, les journalistes doivent subir ouvertement la pression de l’audience par leurs employeurs, l’Information a du souci à se faire…
Quel scandale ! un pas de plus vers la décadence de la presse écrite. En tant que journaliste pigiste , je suis affligé .
C’est justement pour cela qu’il faut établir une nouvelle forme d’expression et trouver la meilleure façon de rémunérer équitablement les journalistes indépendamment de toute monétisation de l’information. C’est ce que nous essayons de faire au sein de “come4news … rejoignez nous et aidez nous à créer votre modèle économique qui fera la promotion de contenu de valeur et respectant la pluralité des opinions et des points de vue !